Les chefs d'entreprises et leurs salariés témoignent

Mis à jour le 05/02/2015

Michel LOYEZ, directeur des ressources humaines au pôle santé du Villeneuvois et Laurence

  • Michel Loyez, directeur des ressources humaine au pôle santé du Villneuvois. Pourquoi avez-vous fait appel à un contrat « garantie jeune » ?

L’utilisation de ce type de contrats participe à une double démarche. Dans la première, soit elle permet d’accéder à une ouverture de poste, soit elle complète une surcharge de travail. C’est alors un avantage financier pour nous. Mais il y a également une démarche sociale car nous ressentons vraiment ce besoin de pouvoir nous inscrire dans un contexte socio-professionnel. C’est un travail complémentaire avec les structures d’emploi. Avec le temps, on se connaît, elles savent le type de profil qui nous intéresse, s’il y a urgence ou non. Le lien est quotidien.

  • Combien de salariés bénéficient de contrats aidés au sein de l’hôpital ?

Nous avons une quarantaine de personnes qui exercent des fonctions par le biais de ces dispositifs. Elles nous permettent d’apporter des réponses à des besoins, d’aller à la rencontre ou de recevoir des personnes pour qui nous pouvons avoir des réponses d’insertion et de formation.
Nous proposons des postes dans différentes catégories professionnelles : le secrétariat médical mais aussi le bio-nettoyage ou la manutention.

  • En quoi consiste votre accompagnement dans le cadre de la « garantie jeune » ?

A la direction des ressources humaines, nous sommes orientés sur l’insertion ou la réinsertion socio-professionnelles. Nous considérons que ces contrats sont des tremplins. L’accompagnement se fait sur les difficultés à se réinsérer dans le monde de l’entreprise. Mais également, certes un peu moins, sur la formation externe.
En revanche, en interne, l’objectif, est que le salarié soit intégré sur le terrain. Certains préparent d’ailleurs, ainsi, leurs concours d’aide-soignants.

  • Qu’apportent ces contrats aidés à l’entreprise selon vous ?

Nous avons des rencontres intéressantes, humaines et professionnelles. Ces contrats permettent d’activer la mixité au sein de l’entreprise. Ça ne va pas enlever le chômage mais c’est un tremplin qui a une réelle valeur. L’hôpital, c’est généralement intéressant.

  • Laurence*, 24 ans, employée comme secrétaire grâce à la « garantie jeune ». Quel est votre parcours ?

J’étais coiffeuse. j’ai tout réussi mais je n’avais plus envie de faire ce travail. Je savais que j’avais été mal orientée. J’ai donc fait un bilan de compétences qui m’a réorienté vers le secrétariat car j’aime les relations humaines. Si je voulais changer, c’était maintenant.
J’ai tout arrêté et je me suis inscrite à un organisme de formation professionnelle, l’AFPA*, pour suivre une formation de secrétaire. J’ai ensuite été suivie par la mission locale qui m’a proposé la « garantie jeune ».

  • Comment s’est déroulée votre reconversion ?

J’ai passé 10 mois à l’AFPA et 6 semaines de formation dans le cadre de la « garantie jeune ». Il y a également un suivi d’un an avec la mission locale pour expliquer comment se déroule notre mission. Juste avant l’hôpital, j’ai effectué un stage dans l’immobilier puis un remplacement. Sans expérience, c’est très difficile de trouver un travail. La garantie jeune permet d’en gagner et de se faire connaître.

  • Comment envisagez-vous la fin de votre contrat en juin ?

Pour l’instant, je n’y ai pas réfléchi. L’objectif, c’est de rester mais je ne sais pas comment cela va évoluer. Je suis sûr que je resterai dans cette branche. Peut-être pas dans le secteur médical. Je suis mobile et si je ne trouve rien à Villeneuve-sur-Lot, je partirai.

{* AFPA : Association pour la formation professionnelle des adultes
* Le prénom a été modifié à sa demande}


Alex Lapoujade et Marie Carré-LAborie de l'agence Réalis RH

  • Alex Lapoujade, comment avez-vous intégré le dispositif « garantie jeune » ?

J’avais une formation de magasinier-cariste. Au départ, quand la conseillère de la mission locale m’a proposé la « garantie jeune », je n’en voulais pas car ça ne durait qu’un an. Et puis on a commencé la formation. Il y avait six semaines obligatoires de formation mais je ne les ai pas faites car Madame Carré-Laborie, lors de son intervention à la mission locale, a récupéré mon CV et m’a trouvé un emploi en intérim.

  • Comment s’est déroulée votre insertion au sein de l’entreprise Neveu ?

Je croyais que je n’allais pas tenir. J’avais envie de travailler... mais pas trop non plus. Et puis on m’a expliqué comment fonctionner la chaîne. Très vite, j’ai été obligé de me mettre au travail et je n’avais plus besoin d’avoir quelqu’un derrière moi. Et je ne vois pas le temps passé. Car le travail me plaît et je m’y intéresse. L’ambiance y fait beaucoup aussi.

  • Qu’est-ce que cela change pour vous de retrouver le monde du travail ?

Déjà, ça occupe la journée. Et grâce au salaire, j’ai gagné en autonomie... Je peux passer mon permis par exemple. Je prends également conscience du rythme de la vie active avec les semaines et les week-ends.

  • Quelle est l’importance de la « garantie jeune » maintenant que vous avez un travail ?

Au début, je me disais que si je ne restais pas dans le dispositif, ce n’était pas grave. Et puis j’ai réfléchis et en fait non ! C’est un filet. Je sais que pendant un an, je suis suivi. Mais je sais aussi que j’avais besoin qu’on me pousse. La « garantie jeune » amène vers des responsabilités. On se doit d’aller jusqu’au bout pour les gens qui nous ont aidés.

  • Comment envisagez-vous votre avenir ?

Cela fait 7 mois que je travaille dans cette entreprise. Je vais peut-être continuer là-bas. J’ai entendu parlé d’un CDI. Je sais que j’y ai ma place.

  • Marie Carré-Laborie, responsable de l’agence Réalis RH à Boé. Comment avez-vous rencontré Alex Lapoujade ?

J’ai été conseillère « entreprises » à CAP Emploi pendant 9 ans et je connais très bien les réseaux. A la demande de la mission locale, j’interviens auprès des jeunes afin de les motiver pour le travail. Je demande généralement un CV à ceux qui peuvent avoir le profil et qui ont envie de faire quelque chose.

  • Que retenez-vous de vos interventions ?

Ça permet des mises en relation qui sont déterminantes. Sur 12 ou 14 jeunes, 2 ou 3 ont trouvé un travail régulier. En règle générale, dans l’intérim, sur 20 qui s’inscrivent, 1 seul revient régulièrement. Ça montre la motivation des jeunes qui intègrent ce dispositif.

  • Comment présentez-vous les salariés aux employeurs ?

On ne les oriente pas vers des endroits qui vont les dégoûter. On doit satisfaire à la fois l’intérimaire et l’employeur. On ne fait pas de l’insertion pour « faire du chiffre ». Le jeune a besoin d’être accompagné pour rencontrer l’entreprise.


Barbara Valbonesi, conseillère "garantie jeune"

  • Barbara Valbonesi est conseillère « garantie jeune » à la mission locale d’Agen. Quel est le parcours type d'un jeune intégrant le dispositif "garantie jeune" ?

La candidature du jeune est présentée à la commission mensuelle « garantie jeune » (GJ). S’il est admis, il signe un contrat d’engagement avec de fortes contraintes d’une durée de 12mois.
Il intègre un groupe d’une quinzaine de jeunes. Durant 6 semaines, il bénéficie d’un accompagnement individuel dans le collectif à temps plein construit autour d’ateliers multithèmes. L’objectif est principalement la mise en situation professionnelle.
Après ces 6 semaines, l’accompagnement individuel et personnalisé commence. Le jeune devra mobiliser les compétences acquises et être en mesure de se positionner soit pour être en emploi, soit en stage, soit dans des démarches actives de recherche d’emploi.
Il devra justifier sa situation très régulièrement auprès des conseillères de manière à rester dynamique et à saisir toutes les opportunités professionnelles.

  • Comment sont-ils orientés vers les missions locales ?

Toutes les structures accompagnant des jeunes sont susceptibles de les orienter vers les missions locales. Elles peuvent cependant présenter la candidature du jeune directement à la commission GJ. Si le jeune est reçu en mission locale, un conseiller va établir un diagnostic de sa situation et pourra l’orienter sur le dispositif GJ ou lui proposer un autre type d’accompagnement adapté à son projet.
En quoi consiste votre accompagnement auprès d'eux ?
Le jeune est suivi de manière intensive et personnalisée et nous l’aidons à construire un parcours actif combinant expériences de travail, élévation du niveau de connaissances, de compétences clés et suivi social. Nous travaillons sur une approche dynamique, globale et intégrée. L’objectif est bien l’autonomie. Le jeune a été préparé dans sa relation directe avec l’entreprise, il a en poche des outils et doit savoir les réutiliser. Le but c’est qu’il soit capable de le faire seul. Nous créons la rencontre jeune-entreprise le plus souvent possible. La rencontre et la réactivité permettent l’opportunité. Et il faut toujours avoir en tête que toute expérience est bonne à prendre pour enrichir son parcours.

  • Qu'attendez-vous d'un jeune intégrant ce dispositif ?

Du sérieux, une grosse dose de motivation et un objectif  : l’emploi.

  • Combien de jeunes sont-ils concernés sur Agen ?

106 jeunes sont actuellement en accompagnement et 120 jeunes à intégrer en 2015.

  • Proposez-vous automatiquement ce dispositif ?

Nous le proposons à tous les jeunes qui répondent aux critères d’entrée et qui sont motivés.

  • Avez-vous des retours d'expérience employeurs ou salariés ? Si oui, quels sont-ils ?

Je pense à l’exemple d’A…. 18 ans, pas d’expérience, un CAP en poche. Elle fait de nombreux stages, et est embauchée pour des missions d’intérim ponctuelles. On lui propose un CDD d’un mois, puis, retour en stage. Elle ne se décourage pas, elle continue ses démarches et finalement signe un emploi d’avenir ce mois-ci à la veille de sa sortie de la GJ. C’est un exemple de parcours qui ressemble à d’autres. Ce qu’il faut garder en ligne de mire, c’est la motivation. Là-dessus, on ne peut pas mentir, ça paye ! Les employeurs ne se laissent pas tromper, et ils préfèrent un jeune motivé et sérieux même s’il manque d’expérience et de diplôme.


Erwan FRICARD et Denis LAVERGNE, gérant du Grand café à Casteljaloux

  • Erwan Fricard, comment avez-vous intégré le dispositif « garantie jeune » ?

Auparavant, j’étais dans l’outillage et ça ne m’intéressait pas. Je voulais du contact avec les gens. Je suis arrivé sur Marmande. Je suis donc allé à la mission locale voir s’ils avaient une offre d’emploi pour moi. Ils m’ont proposé la « garantie jeune » qui m’a permis d’identifier la restauration comme nouvelle orientation professionnelle. Juste avant d’intégrer le programme, j’ai fait un stage en cuisine dans un restaurant. Mais je ne voulais pas faire de formation. Et puis finalement, je me suis rendu compte qu’il y avait des avantages pour moi et pour l’entreprise. Avec la formation, je pouvais avoir accès à de la documentation technique, j’avais la possibilité de me spécialiser.

  • Comment s’est déroulée votre insertion au sein de l’entreprise ?

J’ai commencé sur le tas. J’ai été très bien accueilli et l’équipe m’a appris de petites astuces.

  • Qu’est-ce que cela change pour vous de retrouver le monde du travail ?

Depuis que j’ai du travail, j’ai mon appartement et je n’ai plus trop peur de perdre mon emploi. Je me sens sécurisé. Je n’ai pas de question à me poser.

  • Quelle est l’importance de la « garantie jeune » maintenant que vous avez un travail ?

Elle m’a permis de savoir ce que je voulais faire de ma vie, d’avoir un appartement. Quand on est motivé, on est aidé, suivi. Il faut être prêt à rentrer dans le monde du travail. Avant d’entrer dans le programme, je n’y accordais pas beaucoup de crédit.

  • Comment envisagez-vous votre avenir ?

J’aimerai être barman professionnel dans une grande brasserie. Mais quoi qu’il arrive, je resterai dans la restauration.

  • Denis Lavergne, gérant du Grand café à Casteljaloux. Comment avez-vous rencontré Erwan Fricard ?

Ça s’est passé par la voie de la mission locale. J’employais déjà un salarié en Emploi d’avenir depuis janvier 2014 et l’essai avait été très concluant. J’avais besoin d’un apprenti, on a donc fait une étude bien précise avec la mission locale pour évaluer mes besoins. J’ai reçu trois CV et j’ai sélectionné Erwan. Je l’ai embauché en juin et il a attaqué de suite la saison. Son intégration a été très rapide mais je pense qu’il avait déjà une expérience dans la restauration.

  • En quoi consiste votre accompagnement dans le cadre de la « garantie jeune » ?

Mon accompagnement se fait via l’apprentissage.

  • Avez-vous eu un peu d’appréhension d’embaucher un jeune au profil « garantie jeune » ?

Pas du tout ! Au contraire, j’ai lu son CV et le recrutement se fait par rapport à des compétences. Mon but est de le garder dans l’entreprise car on a beaucoup de mal à trouver du personnel qualifié. Nous sommes dans la démarche de le former et de le garder.

  • Pouvez-vous nous présenter l’opération « set de table » ?

Nous avons été contactés par la mission locale pour distribuer ces sets de table dans notre restaurant. Des profils de jeunes demandeurs d’emplois sont imprimés ainsi que tous les restaurateurs participant à l’opération. On nous a fourni 500 sets de table au printemps, soit à peu près pour 5 jours d’ouverture. Pour nous, ces sets de tables avaient également un avantage économique puisqu’ils étaient gratuits.

  • Quels retour en avez-vous de vos clients ?

Les clients sont curieux. Ils ont trouvé l’idée intéressante et on a pu échanger sur le sujet.