Les chefs d'entreprises et leurs salariés témoignent

Mis à jour le 15/01/2015

Vincent LAGRANGE, Jean-Pierre HOCHARD son tuteur et Deni SAVY, gérant d'Agranix


  • Vincent Lagrange, 23 ans, a été embauché en contrat de génération le 1er février 2014. Comment avez-vous trouvé ce travail ?

Je l’ai trouvé via Pôle emploi. J’ai une formation de boulanger mais j’ai postulé car je cherchais avant tout du travail. Mes collègues m’apprennent le métier et M. Hochard me donne les directives. Cela fait un an que j’ai démarré. Auparavant, dans les entreprises dans lesquelles je travaillais, il n’y avait que des jeunes. Avec les seniors, j’apprends à soigner mon travail.

  • Qu’apporte le contrat de génération à un jeune d’après vous ?

J’aime bien ce que je fais. Pour l’instant c’est la meilleure usine dans laquelle j’ai pu travailler. Elle me forme à un métier. Je parle un peu du contrat de génération avec mes amis. Ma compagne par exemple, cherche du travail dans le secteur de la santé depuis deux ans. Maintenant, elle est prête à tout accepter. Un contrat de ce type lui plairait car c’est une aide pour nous mais il n’y en a pas beaucoup.

  • Jean-Pierre Hochard, 60 ans, est le tuteur de Vincent au sein de l’entreprise. Que représente pour vous le contrat de génération ?

Quand M. Savy m’en a parlé, je n’étais pas au courant. On a fait venir pas mal de jeunes. Nous avons choisi Vincent parmi les 10 ou 15 CV que nous avons reçus. Le contrat de génération, c’est bien pour « assurer la relève » car on a du mal à trouver des jeunes qui cherchent du boulot. Vincent, à 7h40, il est déjà là. Il a vite compris. Ce sont ses collègues de travail qui l’ont formé. Moi, je l’ai formé sur une grosse machine. Jusqu’à ce qu’il arrive, nous n’étions que deux à savoir la faire fonctionner. Le titre de tuteur... Cela ne me fait pas grand-chose. Mais je suis content d’avoir aidé à embaucher un jeune de moins de 25 ans.

  • Deni Savy est le gérant de la société Agranix. Quel est votre activité ?

J’ai créé Agranix il y a 15 ans. Nous fabriquons des produits de nutrition pour les animaux. Notamment pour les chevaux de sports mais également pour les bovins. Nous sommes façonniers, ce qui correspond à sous-traitant. Nous étions 7 salariés au début, Aujourd’hui nous sommes 12. Dernièrement, l’un des salariés a démissionné. Le contrat de génération m’a incité à embaucher un jeune pour le former par Jean-Pierre Hochard qui a 60 ans. Mais ce n’est pas un remplacement poste pour poste.

  • Comment connaissiez-vous le contrat de génération ?

Je suis élu à la mairie de Pujols. Dès que la mesure est sortie, je me suis penché sur ce type de contrat qui est séduisant dans son esprit même si Jean-Pierre Hochard et Vincent Lagrange ne forment pas à proprement parler un duo dans l’entreprise. Nous avons signé un autre contrat de génération avec une jeune fille de 20 ans. Sans le contrat de génération, je n’aurais pas forcément recruté un jeune salarié.


Christian MALUCK et Pascal CLOITRE, gérant de la station Avia

  • Christian Maluck, comment avez-vous décroché ce contrat ?

Je suis originaire de Saint-Sylvestre-sur-Lot. J’ai vu l’annonce et j’ai tout naturellement proposé ma candidature. C’était un temps-partiel et j’étais en reconversion. Par le passé, j’étais dans l’agriculture mais à la suite d’un accident de travail, j’ai dû m’arrêter. Je ne pouvais plus faire de travail physique. Mes droits au chômage allaient s’arrêter. Je cherchais donc tout type de travail. Comme j’ai grandi dans le milieu de l’automobile – mon père est garagiste j’ai postulé. Aujourd’hui, je suis formé et j’apprends le métier de vendeur automobile.

  • Qu’attendez-vous de ce contrat ?

Une formation d’abord, un métier ensuite pour avoir de vraies responsabilités. Actuellement, je ne suis pas tenté par l’entrepreneuriat. Je préfère emmagasiner de l’expérience car je n’ai pas tous les mécanismes en tête. Préparer le BTS en alternance fait gagner beaucoup de temps car on allie formation théorique et pratique. Et puis surtout sur le CV, on peut afficher 2 ans d’expérience qui permettent de progresser sur la technique et aussi, de mieux connaître le monde du travail.

  • Pascal Cloître, vous êtes le gérant de la station Avia, spécialisée dans l’entretien et la réparation de véhicules légers. Comment avez-vous rencontré Christian Maluc, votre salarié en contrat de génération ?

Nous avons d’abord passé une annonce de recrutement sur un site généraliste. Puis nous avons sélectionné une dizaine de CV sur la cinquantaine de candidatures reçues. Le processus a duré un mois. Ce qui nous séduit chez Christian, c’est sa formation et sa personnalité. Il est rigoureux et possède un niveau BTS qui nous permet « d’investir » en lui. Deux jours par semaine, il est donc formé en BTS management d’unité commerciale à Sud Management. Le but, c’est qu’il puisse appréhender un centre de profit. Je procède toujours ainsi. Chaque fois, je recherche quelqu’un qui puisse devenir responsable du site à partir de 30 ans.

  • Comment avez-vous eu connaissance du contrat de génération ?

J’en avais entendu parler. C’est un outil qui permet de mettre un peu de souplesse. Grâce à Cap Emploi, nous avons pu connaître les tenants et les aboutissants de ce dispositif. S’est tout de même posée la question de l’intérêt d’un contrait initiative emploi (CIE = autre dispositif d’aide à l’emploi). Mais nous avons estimé que le contrat de génération était plus adapté à notre cas de figure. Pour être honnête, la transmission est un peu secondaire dans notre situation car le manager doit avoir plusieurs compétences. La mécanique, la spécialité du senior qui accompagne Christian, en est une. Pour nous, le contrat de génération était une opportunité opérationnelle. En ce moment, en terme d’embauche, on raisonne à 3 ou 5 ans. On doit choisir : soit remplacer poste à poste, soit investir pour le futur.


Chloé ALIX, Nicolas AUBERGER, gérant de la SARL Auberger et Dominique RAGON

  • {{Nicolas Auberger, 37 ans, gérant de la SARL Société à responsabilité limitée Auberger

Comment en êtes-vous venu à embaucher deux personnes presque simultanément ?}}
Une surcharge de travail et le développement de l’activité m’ont poussé dans cette voie. J’aime le travail de qualité et j’avais beaucoup de demandes. J’ai donc eu besoin d’engager des collaborateurs. Dominique a été le premier, Chloé la seconde. Dominique était venu taper à ma porte un jour pour un stage en entreprise avec Pôle emploi et j’avais été très satisfait. Alors, quand j’ai eu besoin de quelqu’un, je l’ai contacté.

  • Connaissiez-vous les aides Agefiph avant d’embaucher Dominique ?

Vaguement. Mais vous savez, je n’ai pas beaucoup réfléchi, je n’ai pas calculé. Je n’ai pas passé d’annonce non plus. Je devais seulement augmenter ma capacité de travail !

  • Qu’est-ce qui vous a motivé à embaucher un travailleur handicapé ?

On l’a su qu’après donc ça n’a pas joué sur la décision. C’est d’abord l’individu qui compte.

  • Que signifie pour vous l’embauche d’un salarié ?

Une embauche, ça a un coût. Il n’y pas de rentabilité au début mais d’ici cet été, ça aura bien avancé. Vous savez, on donne beaucoup de son temps et c’est bien. Mon objectif, c’est que Chloé et Dominique me dépassent en compétences ! Alors c’est vrai qu’il faut éviter de faire des bêtises mais on est obligé d’en passer par là. Il faut inclure cette marge d’erreur dans notre activité. En effet, on oublie qu’ils n’ont pas mes connaissances et ma façon de travailler. Ça arrive surtout quand on a la pression. Mais, on en discute ensuite. Le but, c’est que cet échange soit positif.

  • {{Dominique Ragon, 56 ans, travailleur handicapé

Vous avez été embauché sur un contrat de génération en CDI, que pensez vous de ce contrat qui confronte jeunes et moins jeunes ?}}
C’est bien l’échange de génération. J’ai l’impression de travailler avec ma fille. Je donne des conseils selon mes compétences et Nicolas complète.

  • Ce nouveau contrat vous permet-il une reconversion professionnelle ?

Pour moi, c’est plutôt une remise à niveau car c’est ma formation initiale. J’ai passé 30 ans sans pratiquer. Ça revient très vite mais ça a beaucoup changé au niveau des matières utilisées. Il faut juste supprimer d’anciens réflexes.

  • Comment en êtes-vous arrivé à ce métier ?

J’ai baroudé. J’ai été artisan taxi. J’ai repris l’entreprise de mon père pendant 12 ans. Etre mon propre patron, j’ai donné. Ici, j’ai l’impression de réapprendre, d’être à nouveau apprentis.

  • {{Chloé, 21 ans, en contrat d’apprentissage, métier prothésiste dentaire, au sein de l’entreprise Auberger

Pourquoi avoir choisi un contrat en alternance sur ce métier ?}}
J’avais envie d’avoir une autonomie financière. Je suis la seule de ma promotion à avoir trouvé un patron en alternance. J’apprends plus ici qu’à l’école. J’aurais pu m’arrêter après le Bac car le BTS n’est pas obligatoire pour créer une entreprise dans ce secteur. Mais on apprend beaucoup plus en entreprise. Certaines de mes copines sont en BTS et je fais des choses qu’elles n’ont pas encore abordées. A l’école on a le temps. Ici, je comprends qu’il y a des délais et qu’il faut les respecter. Après, c’est vrai que le rythme de l’alternance n’est pas simple car les cours sont à Toulouse.

  • Quel est votre projet ?

Créer mon entreprise de prothésiste dentaire mais je sais que c’est un projet à long terme.